Biodiversité et Ecosystèmes : nouvelle chaire au Collège de France
Depuis 2020, notre Fondation apporte son soutien au Collège de France et a ainsi permis de créer la chaire annuelle Biodiversité et Ecosystèmes, confirmant l’intronisation des sciences de l’Environnement en tant que discipline scientifique autonome au sein du Collège.
François 1er, roi emblématique de la Renaissance a largement contribué au développement des Arts et des Lettres en France.
C’est de son ambition d’instituer à Paris un collège où les langues et les sciences seraient enseignées gratuitement qu’est né le Collège de France (anciennement nommé Collège royal) en 1530.
La particularité de cet établissement est de dispenser des cours de haut niveau, gratuits, non diplômants et ouverts à tous publics sans condition ni inscription préalable.
Ce lieu à part dans le paysage intellectuel français compte aujourd’hui une cinquantaine de chaires dont l’objet évolue en fonction des derniers développements de la science et qui font référence aux domaines les plus divers comme les mathématiques, la physique, ou encore l’archéologie, la linguistique, ou la philosophie.
Le titulaire d’une chaire est élu par ses pairs en fonction de ses travaux et non de ses titres universitaires, ce qui lui confère une aura particulière dans sa discipline et un rayonnement tant en France qu’à l’étranger.
En 2020/21, pour la première année c’est le scientifique en biologie moléculaire Chris Bowler qui s’est vu attribué la chaire de ces domaines scientifiques majeurs.
Connu pour avoir caractérisé le génome des diatomées, constituants majeurs du plancton qui se trouve être à la base de toutes les chaînes alimentaires marines,
Ii est également l’un des coordinateurs scientifiques de l’expédition Tara Océans qui a fait le tour du monde entre 2009 et 2013 et prélevé plus de 35’000 échantillons d’eau de différentes profondeurs afin de les analyser.
Pour la seconde année 2021/22 elle a été dévolue à la Professeure Tatiana Giraud, Directrice de recherche au CNRS (médaille d’argent et de bronze), membre de l’Académie des Sciences, adjointe à la Direction de l’Unité Ecologie systématique évolution.
Ses travaux menés en étudiant la diversité des champignons et des plantes et les mécanismes évolutifs propres à permettre à chaque organisme de s’adapter à leur environnement ont permis de comprendre comment émergent les nouvelles maladies de plantes dans les écosystèmes naturels notamment agricoles.
L’objectif poursuivi cette année était d’alerter le public sur le constat alarmant de l’effondrement de la biodiversité et des conséquences dramatiques induites sur les sociétés humaines. Le préalable obligatoire à la compréhension est un enseignement double sur la théorie de l’évolution, afin de bien comprendre d’où vient cette biodiversité, et les sciences de l’écologie qui expliquent les interactions entre les espèces et leur répartition sur la planète.
Une fois le décor planté, chaque aspect a été approfondi dans le cadre de huit cours dispensés avec une réelle volonté d’accessibilité et de compréhension par le plus grand nombre, chaque cours étant documenté par des experts de chaque catégorie.
Le but semble avoir été atteint au-delà de toute espérance : l’amphithéâtre a souvent affiché complet et Tatiana Giraud dit avoir reçu de nombreux retours positifs y compris sur les cours visionnés en ligne.
La biodiversité fait partie du patrimoine – naturel celui-là- que nous laisserons en héritage aux générations futures.
Au palmarès des responsabilités de l’appauvrissement de la biodiversité, on trouve bien sûr le réchauffement climatique mais , d’après Tatiana Giraud, il ne s’agirait que « du troisième coupable » Elle affirme sans ambage que « la première place du podium est attribuée à la destruction massive des habitats naturels liée à l’urbanisation, l’agriculture intensive et la déforestation».
Elle souligne également – en lui attribuant la seconde marche du podium- la question de la surexploitation, dénonçant les activités de pêche non durable qui ont vidé les océans de leur biodiversité et l’usage des insecticides non sélectifs répandus à grande échelle qui tuent non seulement les insectes et champignons ravageurs de cultures, mais bel et bien tous les micro-organismes présents dans l’environnement. Les conséquences sont multiples et « en cascade » : la disparition des insectes entraîne par exemple notamment celle des oiseaux….
Elle brandit enfin le spectre de la menace des « espèces envahissantes » moins connue du grand public : « avec la mondialisation et les déplacements de personnes et de marchandises à l’échelle globale, nous avons introduit des espèces là où elles n’étaient pas à l’origine avec des conséquences désastreuses »
Il est incontestable que les menaces sur la biodiversité sont multiples. Comprendre son utilité et les facteurs jouant sur sa dynamique sont les préalables indispensables à une prise de conscience salutaire et à une adaptation adéquate de nos comportements propre à nous permettre d’endiguer la catastrophe inéluctable qui se prépare.
Le temps est compté et les enseignements dispensés par la Chaire Biodiversité et Ecosystémes du Collège de France sont une pierre de plus apportée à la construction de notre connaissance du problème afin d’être en mesure d’y remédier de façon éclairée. Nous avons tous une responsabilité morale et éthique dans la relève du défi de la survie de notre monde!