Météorites : Histoire de la galaxie et poussières d’étoiles
Depuis l’aube de l’humanité, les météorites fascinent. Témoins de la genèse du système solaire ces cailloux extra-terrestres apportent des indices d’une importance capitale aux scientifiques soucieux de comprendre la formation et l’évolution de la Terre. Mais la rareté de certaines d’entre elles leur ont conféré un statut d’objet de collection qui parfois s’arrachent à prix d’or.
Chaque année, selon la NASA ,ce sont de 18’000 à 84000 météorites de masse supérieure à 10 g qui s’écrasent sur la Terre.
Aujourd’hui, il est une vocation qui semble faire des émules, que l’on pourrait croire sortie d’un album de Tintin ou de la suite du « Petit Prince » : celle de chasseurs de météorites.
On y trouve des passionnés d’astronomie, tout autant que des scientifiques consacrés ou en devenir, des équipes de recherche ou autres « commerçants » plus ou moins aguerris.
Pendant des centaines de milliers d’années, c’est sur les glaces bleues de l’Antarctique qu’elles se retrouvaient emprisonnées. L’évaporation de la glace a fini par les faire remonter à la surface, et plusieurs expéditions spécifiques ont été organisées pour aller les chercher.
Il semblerait aujourd’hui qu’avec l’Amérique latine, le désert marocain soit devenu la terre de prédilection de ces nouveaux aventuriers des temps modernes, notamment pour une raison pratique évidente : l’exportation des météorites n’y est encore soumise à aucune loi ce qui n’est plus le cas de l’Egypte par exemple d’où il n’est plus possible de faire sortir ces fragments du pays sous peine d’encourir trois ans d’emprisonnement .
Les secrets des roches célestes révélés par Luc Labenne
On cite Luc Labenne comme étant l’un de ces chasseurs de météorites qui depuis près de 30 ans arpente les déserts à la recherche de ces roches venues du fin fond du système solaire, voire de la Lune ou encore de Mars, pour la plupart vieux de 4,5 milliards d’années. A écouter les témoignages de cet ancien médecin reconverti « l’émotion intense qui naît de chaque découverte ne s’émousse pas ».
Le protocole qui suit chaque découverte doit être respecté pour que la météorite « existe » pour la Science (on compte environ mille scientifiques qui travaillent sur ce sujet dans le monde).
Un échantillon de chaque pierre découverte doit être prélevé selon des normes précises (20% si elle pèse jusqu’à 100 grammes et 2 grammes si elle est plus lourde). S’ensuivront des analyses qui permettront d’établir une classification, préalable à sa dénomination et à la délivrance d’une sorte de carte d’identité qui sera publiée dans The Meteoritical Bulletin of The Meteoritical Society. L’échantillon se retrouvera ensuite dans un institut ou musée.
Il semblerait que 98% des météorites soient en fait des fragments d’astéroïdes de la ceinture existante entre Mars et Jupiter, constituée de blocs pouvant aller jusqu’à mesurer 1’000 km de diamètre.
Leur nombre élevé entraine des perturbations et pour certains d’entre eux un changement orbital qui les conduit à croiser celui de la terre. Ces fragments deviennent alors des météorites qui traversent l’atmosphère à la vitesse record de plusieurs dizaines de km par seconde, atteignent des températures très élevées et subissent des chocs énormes qui les brisent en plusieurs morceaux.
À la découverte des météorites lunaires et martiennes
L’intérêt pour la science, est que ces roches n’ont subi aucune modification dans leur composition depuis 4.5 milliards d’années. Elles constituent l’origine même des matériaux de construction de l’ensemble des planètes,
Les plus rares – dit on- sont les météorites lunaires ou martiennes. Plusieurs évènements en cascade doivent se produire en amont de leur découverte: un morceau d’astéroide doit créer un impact suffisamment puissant sur la lune – ou sur mars- pour engendrer son éjection dans l’espace et le conduire à croiser l’orbite de la terre.
Quelques dizaines d’entre elles ont ainsi été répertoriées depuis ces vingt dernières années et passionnent les scientifiques qui sont plus que jamais enclins à comprendre l’histoire et la genèse de ces deux planètes aujourd’hui objets de toutes les attentions.
L'Éclat Céleste : À la conquête de l'Osmium, trésor des étoiles
L’étoile est un symbole qui fait rêver et un sujet qui se décline depuis des siècles dans la poésie et la littérature : elle sert de guide, donne une clarté à la nuit.
Les étoiles filantes – à qui l’on prête le pouvoir d’exaucer les vœux de ceux qui les voient- accompagnent l’entrée dans l’atmosphère de météores qui contiennent un métal extrêmement rare et précieux : l’osmium.
Ce trésor venu du cosmos a également été découvert sur terre au XIXème siècle dans un échantillon de platine rapporté de Colombie Sur la terre comme au ciel, les propriétés superlatives de ce métal en font un composant plus lourd que le plomb mais surtout reconnu comme étant le plus rare sur terre avec la densité la plus élevée de tous les éléments chimiques ce qui le rend unique puisqu’il ne peut être contrefait.
Aventuriers et rêveurs de tous horizons se sont rués à la conquête de ce trésor classé au firmament des métaux rares et convoités.
La manufacture horlogère Hublot présentera la Fusion Tourbillon Firmament, première montre intégrant une mosaïque scintillante d’Osmium avant d’être suivie en 2019 par la maison Ulysse Nardin avec son modèle Executive Tourbillon Free Wheel Osmium dont le cadran en est intégralement constitué.
L'union céleste de la joaillerie et de l'horlogerie
Ces fragments de roches extra-terrestres intéressent de plus en plus les collectionneurs et ont trouvé un nouveau canal d’utilisation dans la joaillerie et l’horlogerie
On retrouve ainsi des fragments d’une météorite découverte en Namibie en 1836 sur les ponts du mouvement et au dos du modèle Master Grande Tourbillon 3 signé Jaeger Lecoulter.
Un extrait de bloc lui aussi découvert dans le désert de Namibie, a été placé au centre de la dernière montre Escale Spin Time de Louis Vuitton, et dans la pièce unique présentée en 2022 par la marque suisse Louis Moinet en hommage à la culture indienne c’est une météorite martienne tombée sur Terre – dit-on – le 25 août 1865 dans l’état du Bihar qui est mise en scène.
L’inspiration en art horloger n’a pas de limite et concéder à ces fragments millénaires un rôle à jouer dans « le grignotage du temps » a quelque chose de fascinant ..
Quand la poussière des étoiles intègre la mécanique d’art d’un garde-temps… cette rencontre entre l’infiniment grand et la précision de l’infiniment petit est peut-être une piste à explorer pour donner un sens à ce qui nous échappe…