Une académie du Metavers en France
Le terme Académie a été utilisé pour la première fois à Athènes en 387 avant JC pour désigner l’école philosophique de Platon.
Dans la conscience collective aujourd’hui, une académie est caractérisée par une assemblée de gens de lettres, savants, artistes bénéficiant de la reconnaissance de leurs pairs, qui se voient confié le devoir de veille des codes et usages dans leurs disciplines respectives.
Pour en divulguer les règles, ces académies publient des ouvrages de grammaire ou autres dictionnaires destinés à concrétiser leurs réflexions et rendre légitimes et d’usage courant le fruit de leurs compilations.
Aujourd’hui, la France compte cinq Académies « officielles » :
L’Académie Française, créée par Richelieu qui a pour mission de donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences
L’Académie des Sciences et Belles Lettres, que l’on doit à Colbert, initialement chargée de favoriser la diffusion des connaissances tant historiques que philosophiques de l’Antiquité classique, de l’Orientalisme du Moyen Age et de l’Age classique auxquels sont venus se greffer l’étude d’autres civilisations et la linguistique générale. Elle dispose à son actif d’une importante activité d’édition ;
L’Académie des Sciences , également créée par Colbert, qui fournit un cadre d’expertise et d’alerte aux enjeux sociétaux, politiques et éthiques que posent la science en formulant notamment des recommandations aux autorités gouvernementales ;
L’Académie des Beaux Arts, héritière des académies royales de peinture et de sculpture, de musique et d’architecture du XVIIe siècle, en charge de la promotion de la création artistique et de la défense du patrimoine culturel français ;
L’Académie des Sciences morales et politiques, consacrée aux sciences de l’Homme, et croisant de ce fait des approches philosophiques, psychologiques, politiques, juridiques, historiques…. etc.. pour nourrir la réflexion des citoyens et des pouvoirs publics sur toutes les questions qui intéressent l’avenir de la Société.
Vaste programme pour ces nobles institutions chargées de travailler au perfectionnement des lettres, des sciences et des arts et ce à titre non lucratif !
Nous avons tous entendu parler d’un nouveau concept que les géants du numérique s’arrachent, le métavers, sorte d’univers virtuel alternatif auquel chacun d’entre nous est susceptible de pouvoir se connecter pour vivre une vie parallèle, elle aussi virtuelle, faite d’interactions avec d’autres personnes via des avatars.
Le champ lexical surprenant de ce décor semble tout droit sorti du script d’un scénario de film dit de science fiction.
Mais il n’en n’est rien : ce concept est bel et bien présent dans notre quotidien et y est rentré par le biais des jeux vidéo, secteur où les nouvelles technologies ont performé par excellence.
Les premiers avatars sont nés de l’instauration des parties multi joueurs en ligne et ont permis à des milliards d’individus de par le monde d’interagir ensemble sur ces plateformes ludiques et l’arrivée du casque de réalité virtuelle a précipité ce public de « gamers » dans les décors de leurs jeux, marquant une avancée considérable en faveur du Métavers qui – force est de le constater – prend de plus en plus d’ampleur.
L’évolution des nouvelles technologies y est bien sûr pour quelque chose mais la crise sanitaire mondiale liée à la Covid 19 du fait des privations de liberté et de contacts sociaux a induit une explosion de ces jeux en ligne allant jusqu’à l’apparition de concerts virtuels et la naissance de personnages virtuels conçus pour se produire à l’écran sous forme d’hologrammes.
Le défi est lancé et à terme le but semble bien être celui de favoriser le contact entre les personnes et d’aller n’importe où…sans sortir de chez soi grâce au développement d’un univers numérique immersif prolongeant la réalité physique via la réalité augmentée ou virtuelle et faisant passer le web de la 2D à la 3D
Intrigant, et un peu effrayant ! On est en droit de se demander s’il est possible de s’évader ainsi du quotidien sans en fuir la réalité et les responsabilités ?
Est-ce pour tenter d’endiguer les dérives pressenties et établir un code de bon usage ou plus prosaïquement pour tirer profit d’un marché qui s’annonce lucratif? Toujours est-il que Meta, maison mère de Facebook, en partenariat avec le réseau d’écoles gratuites du numérique Simplon.co va lancer en France à la rentrée une Académie du Metavers.
Sans commune mesure avec les 5 autres précitées, elle aura une vertu pédagogique, sera « gratuite, territoriale et innovante, axée sur l’employabilité »
Très concrètement, des formations gratuites dédiées aux technologies immersives seront proposées dans un premier temps à Paris, Marseille, Lyon et Nice à une vingtaine d’élèves par ville et par promotion, soit un total d’environ 100 personnes pour cette première année.
La formation est prévue pour durer de trois à six mois, suivie d’une alternance de 12 à 18 mois auprès d’entreprises partenaires avec à la clé un accès aux métiers de concepteur développeur spécialisé en technologies immersives et metavers ou encore de techniciens support/assistance, essentiels à la maintenance. A noter que la diversité et la place des femmes font l’objet d’une attention particulière dans l’étude des dossiers d’admission
S’il est vrai que les métiers de demain ne sont pas encore connus dans le détail, l’anticipation reste le meilleur moyen de veiller à ce que la maitrise de ces nouvelles technologies soit assurée au mieux….
Et la naissance de cette Académie du Metavers semble corroborer le constat de Lamartine qui disait en son temps que « l ’Académie en France est plus qu’une institution : c’est une habitude. »