6ème rapport du GIEC ou suite de la chronique d’un désastre annoncé

6eme-rapport-du-GIEC-ou-suite-de-la-chronique-dun-desastre-annonce

Créé en 1988 à l’initiative du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, le GIEC* évalue depuis plus de 30 ans l’état des connaissances sur l’évolution du climat, ses causes, ses impacts tout en s’attachant à identifier les possibilités de limiter l’ampleur des dégâts liés au réchauffement et les modalités d’adaptation aux changements implacables et redoutés qui en découlent.

Les rapports rendus régulièrement fournissent ainsi une sorte d’état des lieux des connaissances les plus avancées en la matière qui se retrouve au cœur des négociations internationales sur le climat. C’est ce qu’Antonio Gutterez appelle « le Guide de survie de l’Humanité ».

Réunis à Interlaken dans le canton de Berne en Suisse, il a publié le 20 mars dernier un 6ème rapport de synthèse… et le constat est sans appel et fait frémir. Les scientifiques s’accordent à dire que la situation est pire que ce qu’ils prévoyaient lors du précédent rapport en 2014. Le réchauffement climatique mondial atteindra 1,5 degré en 2035 voire même peut être dès 2030.

La course contre la montre ne suffit plus : des modifications comportementales généralisées doivent être adoptées et vite ! La cadence et l’ampleur des mesures prises jusqu’à présent s’avèrent largement insuffisantes pour enrayer le phénomène de façon suffisamment significative

Les Conséquences du Réchauffement Climatique sur les Plages de Thaïlande

Un climat qui se réchauffe a des conséquences visibles que l’on ne peut plus ignorer comme le recul des glaciers, le recul de l’enneigement en moyenne montagne, l’augmentation de fréquence et d’intensité des extrêmes chauds, la baisse des extrêmes froids…

Plus un climat se réchauffe plus les sols se vident rapidement de leur humidité en été avec entre autres conséquences le cortège de drames incendiaires que l’on a connu l’an dernier.

Plus loin de nous en Thaïlande le trésor national que constituent les plages est en passe de disparaître sous les assauts répétés de la montée des eaux , de l’érosion et des moussons de plus en plus violentes . Aujourd’hui, ce sont 800 km de bords de mer soit un quart des côtes du pays qui sont directement menacées.

Pour endiguer le problème – sans jeux de mots – la Thaïlande a déjà construit entre 2015 et 2022 pas moins de 125 digues pour une somme proche de 200 millions d’euros sur des plages qui il y a 30 ans étaient souveraines.

Pattaya , haut lieu du tourisme de masse au sud du pays, est devenu le symbole de la lutte contre la disparition des plages La ville les a reconstruites en amenant des tonnes de sable qu’elle a pompé au large à l’aide de bateaux dragueurs : 3 km de plages ont ainsi retrouvé leur largeur initiale de 30m .. et 16 millions d’euros ont été dépensés à cette fin.

Pour le directeur technique de la ville le jeu en vaut largement la chandelle compte tenu de l’enjeu touristique qu’il préserve ainsi. Mais force est de constater que la durée de vie de cette « reconstruction » est estimée à 10/15 ans tout au plus .. car le phénomène va perdurer.

Réduire les Émissions pour Ralentir le Réchauffement Climatique : Les Solutions Existent

Aux grands maux les grands remèdes : « des réductions profondes, rapides et prolongées des émissions conduiraient à un ralentissement significatif du réchauffement mondial pour deux décennies.» Quand le temps est compté, il importe d’en gagner !

Les possibilités existent et nous avons la technologie, le savoir-faire et les outils pour résoudre les problèmes identifiés et les mesures à mettre en place seraient même meilleur marché : on dépense aujourd’hui beaucoup d’argent pour les énergies fossiles .. il vaudrait mieux investir dans les énergies renouvelables dont les coûts sur la planète ont profondément diminué depuis 2010 : moins 85% pour l’énergie solaire ou les batteries au lithium, moins 55% pour l’éolien : de quoi susciter des vocations . La majorité des pays s’est d’ores et déjà fixé un objectif d’émission zéro.

Le défi est colossal mais capital pour maintenir des conditions de vie supportables sur terre. Les solutions sont connues et font l’objet de débats réguliers avec une « to do list » déjà bien documentée :

  • Ne plus ouvrir de gisement de pétrole ou de gaz
  • Sortir du charbon,
  • Prendre moins l’avion
  • Arrêter la déforestation
  • Manger moins de viande….
  • Développer les énergies renouvelables, la rénovation énergétique et l’agro écologie …

Développées à grande échelle ces solutions pourraient diminuer les émissions de 40 à 70 % d’ici 2050 selon les scientifiques. Et les idées ne manquent pas preuve , s’il en était besoin , de la formidable capacité de l’homme à innover.

On a ainsi évoqué récemment la captation de la chaleur des eaux usées avant qu’elles ne soient rejetées dans les égoûts. Ce dispositif est déjà testé à titre expérimental à Bordeau et Paris et cette technologie permettant de produire de l’eau chaude avec le retraitement des eaux sanitaires usées a été développée et brevetée par une entreprise française.

Crise mondiale de l'eau : les Nations Unies sonnent l'alarme

L’agenda de la semaine du 20 mars a été chargé : les Nations Unies multiplient les alertes et les réunions au sommet, comme cette conférence sur l’eau inédite depuis près d’un demi-siècle (la dernière de cette ampleur datait de 1977) au cours de laquelle Antonio Gutteres a dénoncé avec véhémence « l’engagement aveugle de l’humanité sur un chemin périlleux »

Elle s’est tenue à New York faisant suite à la publication d’un rapport de l’ONU-Eau et de l’UNESCO soulignant en chœur le risque imminent d’une crise mondiale de l’eau.

A noter que les Nations Unies ne comptent aucune agence dédiée sur ce sujet vital mais trop longtemps ignoré, l’ONU-Eau étant une plateforme coordinatrice du travail effectué.

Et là encore le constat est alarmant : pas assez d’eau par endroits, inondations à d’autres, eau contaminée : le risque d’une crise mondiale de l’eau est imminent.

La COP 28 se tiendra à Dubaï en décembre prochain. Elle est annoncée comme devant être présidée par le ministre de l’industrie émirati qui … est aussi PDG de la Compagnie nationale Abu Dhabi National Oil Company . Faut-il y voir une provocation ?

L’Homme dispose d’une prédisposition à s’abstraire du principe de réalité qu’il serait temps de combattre. Nous avons tous une part à prendre dans ce qui doit devenir – et vite – un engagement collectif !

  • Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat