Les Murs de Jérusalem

La vie est une course de relais. Nous sommes tous usufruitiers de valeurs et d’exemples transmis par nos ancêtres. L’un des buts à poursuivre pourrait être d’en acquérir la pleine propriété pour la transmettre à notre tour.

Notre Fondation créée en 2009 vise à soutenir et favoriser les initiatives nées de la capacité de l’Homme à comprendre, créer inventer dans les domaines de l’art de la science et de la culture.

En l’occurrence, j’ai ici recueilli la flamme des mains de mon grand-père François de Clermont Tonnerre qui en 1960 avait été l’un des instigateurs de la création de l’Institut de la Vie, précurseur de la nécessaire conciliation entre l’éthique de la connaissance et les exigences de la vie.

Les projets étudiés sont nombreux et passionnants et il est toujours motivant et satisfaisant de soutenir des causes et travaux significatifs nés du meilleur de l’Homme. 

Dans ce parcours il y a des rencontres, des moments riches en découvertes et émotions et l’un des derniers en date est, en ce sens, édifiant.

Depuis 2019 nous contribuons au financement des recherches de post-doctorants, dans le cadre d’un programme conjoint mené par le Edmond and Lily Safra Center for Brain Sciences et le Sainsbury Wellcome Center for Neural Circuits and  Behaviour à Londres.  Notre soutien a permis de réunir des scientifiques des deux institutions dans le cadre d’un  symposium annuel et a favorisé les échanges entre les étudiants de Jérusalem et de Londres .

Sur l’invitation de Yossi Gal, vice-président de l’Université Hébraïque de Jérusalem, j’ai eu l’insigne honneur de me voir proposée l’inscription de mon nom sur le Mur de la Vie dans le cadre d’une émouvante cérémonie qui a eu lieu le 15 juin 2022.  

Jérusalem est connue pour la présence d’un nombre important de monuments religieux et historiques parmi lesquels on peut citer la Mosquée Al-Aqsa, le Dôme du Rocher ou encore l’Eglise du St Sépulcre.

La Vieille ville est ceinturée de murailles datant du XVIe siècle, dont fait partie le Mur Occidental plus connu sous le nom de Mur des Lamentations. Symbole par excellence de la ville il rassemble chaque jour des milliers de juifs mais aussi de touristes qui sacrifiant à la tradition, viennent écrire leurs prières et leurs souhaits sur  un morceau de papier qu’ils prennent soin de plier et de glisser entre les pierres du mur.

Chaque petit papier, dès lors qu’il a touché le mur, devient un objet sacré indestructible. Deux fois par an ils sont tous retirés du Mur et enterrés au Mont des Oliviers.

Le mur de la Vie de l’Université Hébraïque est situé à l’extrémité Sud Est du campus du Mont Scopus et domine la vieille ville et Jérusalem Est. 

La première pierre de cette université fut posée en 1918 et déjà à l’époque certains visionnaires avaient prédit la création de l’Etat d’Israël et envisagé l’établissement d’un centre universitaire d’excellence. 

L’avenir leur a donné raison : l’Université Hébraïque de Jérusalem figure aujourd’hui au classement des 100 universités les plus prestigieuses au monde et elle a confirmé sa réputation et son rôle de leader dans un large éventail de domaines allant des sciences humaines, aux sciences sociales mais encore et surtout dans ceux des sciences exactes et de la médecine. Elle encourage la pluridisciplinarité des activités tant en Israël qu’à l’étranger et s’attache à établir un lien tangible entre la recherche universitaire et ses applications sociales et industrielles.

Sur ce mur sont gravés les noms de donateurs et autres personnalités en remerciements de leurs actions et travaux menés dans le but de faire connaître cette université et le fruit de ses recherches au plus grand nombre..

Je ne peux m’empêcher ici de penser à l’histoire culte et bouleversante de « La liste de Schindler ».

Oskar Schindler, cet industriel allemand qui durant la Shoah sauva des camps de la mort plus de 1’100 juifs en les faisant travailler dans ses fabriques d’émail et de munitions a été honoré du titre de « Juste parmi les Nations » en 1967 et est enterré au cimetière chrétien du Mont Sion autre lieu emblématique de Jérusalem. 

Sur sa tombe en épitaphe, une citation issue du Talmud : « Celui qui sauve une vie sauve le monde entier » 

Steven Spielberg en épilogue à son film en noir et blanc – qui  recevra plusieurs oscars en 1994 dont celui du meilleur film – colorisera la dernière scène filmant la longue procession des « Schindlerjuden » aujourd’hui, qui, accompagnés par les acteurs du film viennent se recueillir et déposer chacun une pierre sur la pierre tombale de leur sauveur.

Avec des pierres on construit des murs qui peuvent séparer et enfermer, mais ils peuvent aussi protéger des secrets être transformés en fresque symbole de vie, et en témoignages de gratitude.

N’étant moi-même ni citoyen israélien, ni de confession juive, la symbolique de cette invitation à figurer sur le Mur de la vie, me semble être une étape significative de cette course de relais qui célèbre l’humanité universelle mieux que ne le ferait n’importe quel discours. La Recherche n’a pas de frontière et conjuguer les excellences est aussi une façon de célébrer la vie et de servir la Paix !